Serafino Malaguarnera - Psychologue, Psychanalyste, Psychothérapeute à Bruxelles Av. d'Itterbeek, 9 - 1070 Bruxelles - Av. Louise, 505 Ixelles |
Trace mnésiqueAllemand : Erinnerungsspur ou Erinnerungsrest – Anglais : Mnemic-trace ou memory trace.
Une trace mnésique ou trace (ou encore engramme) est la modification de l’état du système nerveux central faisant suite à un apprentissage. ==================== Dans l’œuvre de Freud, la trace mnésique est un terme qui se réfère à l’inscription des événements dans la mémoire et à la manière dont cela se produit. Dès 1896 (Lettre de Freud à Fliess du 6 décembre 1896), Freud propose l’hypothèse selon laquelle l’expérience s’inscrit dans l’appareil psychique sous forme de traces mnémoniques suivant un processus de stratification et pouvant être remaniées de temps en temps. L’originalité de cette théorie, revendiquée par Freud lui-même, consiste à proposer plusieurs mémoires composées de différents signes et à soutenir l’idée que l’inscription de la trace mnésique se fait dans différents systèmes. Dans le premier schéma présent dans la lettre de Freud à Fliess du 6 décembre 1896 (1), il y a trois inscriptions différentes du matériau perceptif : le signe de la perception (WZ), l’inconscient (Ub) et le préconscient (Vb). La perception (W) se trouve à une des extrémités du schéma et la conscience (Bw) à l’autre extrémité. La première inscription des perceptions garde la trace des associations simultanées, la deuxième est aménagée suivant d’autres associations et la troisième est sous forme de représentations verbales. Voici le schéma proposé par Freud qui décrit ces différentes inscriptions : ==================== Au début du vingtième siècle, les psychologues ont utilisé le terme trace mnésique pour indiquer ce qui est conservé par la mémoire. Pendant une période assez longue, cette notion n’a plus été l’objet de recherche et ce n’est que récemment qu’elle a été reprise en raison des progrès de la neurophysiologie qui lui donne une assise scientifique. Les théories explicatives du fonctionnement de la trace sont physiologiques ou biochimiques et se focalisent sur les modifications de structure au niveau de certaines parties composants les cellules (Kandel, 2000). Dans ces théories explicatives, on évoque également les connexions synaptiques et les systèmes réverbérants. Les questionnements et développements concernant la trace décrits par Freud représentent, selon François Ansermet et Pierre Magistretti (2004), un point d’intersection entre les neurosciences et la psychanalyse, entre la neurobiologie et le psychisme. Ces auteurs proposent une convergence entre la trace synaptique des neurobiologistes, la trace psychique de Freud et la notion de signifiant de Lacan. Cette convergence oblige dorénavant les tenants des deux disciplines, la psychanalyse et les neurosciences, à ne plus s’opposer et, de plus, à se rapprocher. Les études neuroscientifiques sur la plasticité neuronale (2) montrent que la perception d’un stimulus du monde extérieur provoque une modification de l’efficacité synaptique grâce à l’établissement d’une potentialisation à long terme (PLT). De plus, l’efficacité synaptique produit également une modification structurelle des synapses, car on observe une augmentation des épines dendritiques. La notion de trace mnésique redevient d’actualité, car elle correspond à la fois à une modification moléculaire à la fois à une modification structurelle des synapses qui suivent une expérience vécue ou la perception d’un stimulus extérieur. Le schéma de l’appareil psychique présent dans la lettre de Freud à Fliess du 6 décembre 1896 trouve maintenant une assise scientifique grâce aux découvertes des mécanismes de la plasticité neuronale. La première trace mnésique, notamment le signe de la perception, est le premier enregistrement sous forme d’associations simultanées grâce à la coïncidence temporelle (3) et correspond à la trace synaptique étudiée par les neurosciences. Ensuite, l’inscription de la trace mnésique dans le système inconscient correspond à la combinaison de la première trace avec d’autres traces synaptiques suivant des mécanismes de plasticité neuronale. Il y a essentiellement trois types de traces : les signes de la perception qui sont des traces facilement accessibles à la conscience, les traces qui se constituent à partir des mécanismes de réassociations et qui ne sont pas accessibles à la conscience, les traces qui s’inscrivent directement dans les systèmes et qui ne sont pas accessibles à la conscience (Ansermet et Pierre Magistretti, 2004). L’amygdale est la partie cérébrale impliquée dans la transcription de traces qui s’inscrivent directement dans les systèmes inconscients (Morris et coll., 1998 ;1999). ________________ 1. Le schéma présenté dans la lettre de Freud à Fliess du 6 décembre 1896 représente une élaboration intermédiaire entre le schéma présenté dans l’Esquisse et celui qui est présenté au chapitre VII de L’interprétation des rêves. 2. Voir : Plasticité neuronale 3. Voir : Détection de coïncidence Bibliographie : Ansermet F., Magistretti P. (2004), À chacun son cerveau. Plasticité neuronale et inconscient, Odile Jacob. Freud S. (1896), lettre de Freud à Fliess du 6 décembre 1896, Masson, 1985. Kandel E. R. (2000), Cellular Mechanisms of Learning and the Biological Bases of Individuality. Principles of Neural Sciences, New York, MC Graw-Hill. Freud S. (1895), Esquisse d’une psychologie scientifique, in : La naissance de la psychanalyse, PUF, 1956. Morris J. S., Ohman A., Dolan R. J. (19998), Conscious and Unconscious Emotional Learning in the Human Amygdala, Nature, 393, p. 467-470. Morris J. S., Ohman A., Dolan R. J. (19999), A Subcortical Pathway to the Right Amygdala Mediating “unseen” Fear, Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 96, p. 1680-1685. Compléments : Ansermet François, Après-coup, Magistretti Pierre, Plasticité neuronale, Signifiant |
Vidéo : Nouveauté - Lacan et Pascal: La topologie de la jouissance
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