Clivage de la conscience

Extrait de “Dictionnaire de neuropsychanalyse" de Serafino Malaguarnera, 12 octobre 2016, pp. 81-82.

Allemand : Bewusstseinsspaltung — Anglais : Compulsion to repeat ou repetition compulsion

Breuer et Freud utilisent l’expression clivage de la conscience  — d’autres expressions comme clivage du contenu de conscience, clivage psychique ont la même signification — pour expliquer des états de dédoublement alternant de la personnalité ou de la conscience qui se manifestent dans certains cas d’hystérie ou qui sont provoqués par l’hypnose. Dans Les psychonévroses de défense, Freud (1894) explique ce phénomène psychique comme la séparation d’une représentation — qui s’isole d’un groupe d’association de représentation — et de son affect — qui peut se convertir, se placer ou se transformer (1). Par la suite, cette notion de clivage de la conscience ne sera plus reprise, mais la formulation concernant la séparation de la représentation de son affect sera à la base de la théorie freudienne.
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Ariane Bazan (2007) propose un rapprochement entre les dynamiques du traitement de l’émotion élaborées par Joseph LeDoux et cette formulation — comme elle apparaît dans Les psychonévroses de défense — de clivage de la conscience qui implique la division d’une idée ou d’une expérience en son contenu idéal et son affect. Les dynamiques du traitement de l’émotion élaborées par Joseph LeDoux (1993) soulignent la primauté de l’affect et soutiennent l’idée d’une indépendance entre l’affect et la cognition. Joseph LeDoux considère que le cerveau est constitué d’un système affectif qui assure les fonctions affectives en évaluant la signification du stimulus en termes de pertinence pour la survie de l’individu et d’un système cognitif qui traite les fonctions cognitives en élaborant le stimulus d’entrée et la génération de bonnes représentations du stimulus. Ainsi, le rapprochement proposé par Ariane Bazan est fondé sur la constatation qu’une expérience psychologique se compose de deux éléments, un contenu et un affect, qui peuvent être séparés.
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1. « Lorsqu’il n’existe pas, chez une personne prédisposée [à la névrose], cette aptitude à la conversion, et si néanmoins, dans un but de défense contre une représentation inconciliable, la séparation de cette représentation et de son affect est mise en œuvre, alors cet affect doit nécessairement demeurer dans le domaine psychique. La représentation désormais affaiblie demeure dans la conscience à part de toutes les associations, mais son affect devenu libre s’attache à d’autres représentations, en elles-mêmes non inconciliables, qui, par cette “fausse connexion”, se transforment en représentations obsédantes. »

Bibliographie :                                                                                                                                                     
Bazan A. (2007), Des fantômes dans la voix. Une hypothèse neuropsychanalytique sur la structure de l’inconscient, Montréal, Éditions Liber, Collection Voix Psychanalytiques. Freud S. (1894), Les psychonévroses de défense, trad. J. Laplanche, in : Névrose, psychose et perversion, Presses Universitaires de France, 1973.                                                   
LeDoux J.E. (1993), Cognition versus emotion, Again – this time in the brain: a response to Parrot and Schulkin, Cognition and Emotion, 7, 61-64.                                                               
Sander D., Scherer K., Traité de psychologie des émotions, Dunod, 2014.

Compléments :                                                                                                                                                      
Énergie psychique, LeDoux Joseph
 

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