Neurones miroirs

Les neurones miroirs sont une classe spéciale de cellules nerveuses qui se trouvent dans certaines régions du cerveau. Ils s’activent indistinctement lors d’une action réalisée, mais également lorsqu’on observe quelqu’un d’autre réaliser cette même action.                                                                                     
Ces neurones miroirs sont sous-jacents à l’apprentissage social, l’imitation et la transmission culturelle des compétences et des comportements.                                                                                       
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Au cours des années nonante, l’équipe de Giacomo Rizzolatti (1) identifie les neurones miroirs situés dans l’aire qui contrôle les mouvements corporels. Depuis 1996, la présence des neurones miroirs, considérée comme une découverte majeure en neurosciences, a été confirmée par nombres d’études. La preuve directe de l’existence des neurones miroirs chez l’être humain remonte à 2010.                                                                                                                       
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour comprendre les différentes fonctions des neurones miroirs. La première considérée comme essentielle est d’acquérir une compréhension réelle et expérientielle de l’action qu’on voit. En effet, la seule observation visuelle ne pourrait pas donner une information sur la signification réelle d’une action, elle peut être obtenue seulement grâce aux neurones miroirs qui peuvent transcrire l’action observée dans le système moteur de l’observateur. Une autre fonction est celle d’anticiper et de prédire les actions et les intentions de l’esprit d’autrui. Les neurones miroirs qui se retrouvent chez les grands singes n’ont pas développé ces capacités d’anticipation et de prédictions. Une autre fonction est l’imitation, car les neurones miroirs, en fournissant des copies motrices d’actions observées, permettent de reproduire une action observée et d’apprendre une nouvelle action par l’observation.                                                                                             
Les neurones miroirs ont deux caractéristiques. La première, d’où l’appellatif de miroir, se réfère à la capacité de réagir soit à l’action propre soit à la vue d’une action. La deuxième se réfère aux propriétés de spécificité et sélectivité des neurones miroirs : ils réagissent à une seule action et ne répondent pas face à une autre action ou geste.                                                                                    
Les fonctions des neurones miroirs dépendent également de l’anatomie et des circuits physiologiques auxquels ils appartiennent. Dans un premier temps, les études sur les neurones miroirs s’adressaient aux circuits liés au contrôle moteur. Plus récemment, des recherches sont menées sur des neurones miroirs qui sont situés dans l’insula et le cortex cingulum où ils s’activent lorsqu’un individu expérimente une sensation de dégoût et lorsque cette émotion est déclenchée à la vue de l’expression faciale de l’autre.                                                                                                            
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Plusieurs auteurs se sont intéressés aux implications de la découverte des neurones miroirs dans différents domaines, notamment le développement de l’enfant, la psychanalyse, l’action thérapeutique ou le contre-transfert. Dans le domaine de la clinique psychanalytique, certains auteurs soulignent l’importance des neurones miroirs dans le processus transféro-contre-transférentiel. Par exemple, dans certaines cures, lorsque le patient se trouve face à face à l’analyste, l’état de celui-ci pourrait interférer sur celui du patient. En revanche, en ne voyant pas l’analyste, le patient aurait la possibilité d’internaliser l’état relativement neutre de son analyste face à ses souvenirs. Selon René Roussillon (2009), les neurones miroirs donneraient un appui biologique aux processus d’identification narcissique et à ce qu’il appelle l’homosexualité primaire en double. Il soutient également l’idée de Winnicott (1971) concernant le fonctionnement en miroir  du visage et du corps de la mère pour le bébé.                                                                                                 
Arnold  Modell soutient l’idée d’une implication des neurones miroirs dans la formation du langage et le processus métaphorique (Modell, 2003).                        
Franco Scalzone (2005) est à faveur d’un rapprochement entre les neurones-miroirs et l’imitation non consciente pour la recherche des fondements physiologiques de mécanismes comme l’imitation, l’empathie, la communication mère-enfant, l’introjection et l’identification (pour l’identification voire aussi Olds, 2006).                                 
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1. La découverte a été faite à l’université de Parme par Giacomo Rizzolatti, directeur du département de neurosciences de la faculté de médecine de Parme, lorsqu’il mesurait l’activité électrique du cortex prémoteur ventral des macaques. Il a observé la même activation d’un groupe de neurones dans deux situations différentes, lorsque le singe faisait un geste et lorsqu’il regardait quelqu’un en train de le faire.

Bibliographie :                                                                                                                                                       
lds D. D. (2006), Identification : Psychoanalytic and biological perspectives, J. Am. Psychoanal. Assoc., 54 (1), 17-46.                                                                                                      
Modell A. H. (2003), Imagination and the Meaningful Brain, MIT Press.                         
Ramachandran V. (2011), Le cerveau fait de l’esprit : Enquête sur les neurones miroirs, Dunod, 2011.                                                                                                                                                        
Rizzolatti G., Sinigaglia C. (2006), Les neurones miroirs, Éditions Odile Jacob, 2007.          
Roussillon R. (2009), Une aventure de pensée, in : Georgieff N., Golse B., Ouss L., Widlöcher D. (sous dir.), Vers une neuropsychanalyse ?, Odile Jacob, 2009.                         
Scalzone F. (2005), Notes for a dialogue between psychoanalysis and neuroscience, Int. J. Psychoanal., 86 (5), 1405-1423.

Compléments :                                                                                                                                                    
Empathie, Roussillon René 
 

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