Schreber

Le cas du président Schreber (1842-1911), haut magistrat de Dresde devenu fou alors qu’il atteignait au sommet de sa carrière, est la référence la plus éminente de la clinique psychanalytique des psychoses. En 1911, Freud lui consacre ses « Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa ». En 1955-1956, Jacques Lacan consacre son séminaire aux psychoses (Séminaire III) et le texte de Schreber est une référence princeps. Le compendium de ce séminaire apparaît dans l’article « Question préliminaire à tout traitement possible de la psychose », paru en 1959 dans la revue la Psychanalyse et, ensuite, intégré dans les Ecrits. 

Daniel Paul Schreber est né en 1842 dans une famille bourgeoise, protestante. Son père, illustre médecin et éducateur, introduisit en Allemagne la gymnastique médicale et fut promoteur du mouvement pour les lotissements ouvriers avec jardins. Le frère aîné de Daniel Paul Schreber, atteint d’une psychose évolutive, s’est suicidé par balle à l’âge de 38 ans. Sa jeune sœur, Sidonie, est morte malade mentale.

En 1884, à l’âge de 42 ans, Schreber est hospitalisé à la clinique universitaire des maladies nerveuses de Leipzig, dirigée par le professeur Flechsig. Il souffre d’hypocondrie grave. Rétabli, il éprouve une immense reconnaissance à l’égard du Pr. Flechsig qui l’a soigné. Après cette première hospitalisation, il vit huit années qualifiées par lui-même de « très heureuses » et qui ne sont assombries que par la déception de n’avoir pas d’enfants.

Le 5 juillet 1893 Schreber est nommé, par décret royal, président de la chambre à la Cour de cassation. La décision prend effet à compter du premier octobre. Avant même de prendre ses fonctions, il rêve à plusieurs reprises qu’il est de nouveau malade. Un matin, dans un demi-sommeil, il a l’idée « que ce serait beau d’être une femme subissant l’accouplement ». Idée, qu’il repousse aussitôt avec la plus grande indignation. Deux mois plus tard, il faut lui accorder un congé de maladie, et, bientôt, renoncer à fixer une date limite à ce congé. Il est hospitalisé à la même clinique universitaire et puis transféré à l’asile du Sonnenstein, près de Pirna.

En 1903, le livre de Schreber, les mémoires d’un névropathe, est publié.

En 1907, Schreber est hospitalisé jusqu’à sa mort (1911) à l’asile de Leipzig-Dösen.

Freud s’intéresse au cas Schreber pour des raisons dont les enjeux sont purement théoriques

            - préciser la théorie des pulsions

- entamer une théorie du narcissisme qui sera développée dans « Pour introduire le narcissisme »

- jeter les bases pour une théorie psychanalytique des psychoses.

 

Bibliographie


Schreber, Mémoires d'un névropathe

S. Freud, Le Président Schreber