Serafino Malaguarnera - Psychologue, Psychanalyste, Psychothérapeute à Bruxelles Av. d'Itterbeek, 9 - 1070 Bruxelles - Av. Louise, 505 Ixelles |
RefoulementAllemand : Verdrängung — Anglais : Repression. Selon Freud, le refoulement est un des possibles destins de la pulsion. Le refoulement se produit lorsque la satisfaction d’une pulsion est vécue comme dangereuse et consiste à repousser dans l'inconscient les représentations liées à la pulsion. Dans l’article sur le refoulement (1915), Freud distingue le refoulement en trois temps : refoulement originaire, refoulement proprement dit ou « refoulement après-coup » et le retour du refoulé. Le refoulement originaire est le premier temps du refoulement qui a pour effet la formation de représentations inconscientes, premier noyau inconscient, fonctionnant ensuite comme pôle d’attraction des éléments à refouler. Le refoulement après-coup ou le refoulement proprement dit est le deuxième temps du refoulement. Il est la résultante de l’attraction des noyaux inconscients, produits par le refoulement originaire, et de la répulsion des instances supérieures. Le retour du refoulé est le troisième temps du refoulement. Il se manifeste sous forme de symptôme, rêves, actes manqués, qui sont des formations de compromis, satisfaction voilée ou détournée de la pulsion. ================== Dès les années soixante, certains psychologues ont voulu vérifier la validité des processus de refoulement par des méthodes expérimentales, notamment par les réponses électrodermales et les temps de réaction. En 1961, G. Levinger et J. Clarke montrent que les facteurs émotionnels ont une influence sur la mémoire, car il y a une tendance à oublier plusieurs associations de mots chargés émotionnellement plutôt que des mots neutres. Yet Paul Kline (1981) considère cette étude comme une preuve irréfutable du concept freudien de refoulement. En 1990, les résultats de Bradley et Baddeley montrent que l’impact des émotions fortes sur le rappel des souvenirs est indéniable. Cependant, ces auteurs étaient de l’avis que la théorie freudienne du refoulement pouvait être difficilement vérifiée. En 2001, M. Anderson et C. Green montrent sur des bases neurobiologiques que plus le souvenir est évité et plus il est oublié. En 2004, M. Anderson et ses collègues publient un article où ils proposent un modèle neurobiologique du refoulement. Le support organique de celui-ci serait lié à l’activation de régions du cortex préfrontal latéral et à la réduction de l’activité de l’hippocampe. Ce sont deux processus qui participent à l’inhibition mnésique et maintiennent les souvenirs indésirables hors de la conscience. Bien que ces recherches concernent des processus conscients et ne prennent donc pas en compte les processus inconscients, selon François Ansermet et Pierre Magistretti (2004), il n’est pas exclu que ces mécanismes d’oubli ne soient pas opérationnels dans les phénomènes observés par la psychanalyse et décrits sous la notion de refoulement. Alain Berthoz (1) soutient l’idée que, lorsque nous décidons d’accomplir une action, nous inhibons une grande partie des autres actions possibles (Berthoz, 2003). La mémoire est également concernée par ce processus, car nous pouvons évoquer un souvenir parce qu’une grande partie d’autres souvenirs présents dans la bibliothèque des événements passés sont bloqués. Cette façon de procéder du cerveau plus par inhibition de solutions potentielles que par choix a été rapprochée au modèle du refoulement qui procède d’inhibitions successives intériorisées, au fur et à mesure que le Moi se défend des menaces venant de l’intérieur. Étant donné que le refoulement nécessite la maturation de certaines structures neurophysiologiques, notamment l’hippocampe, cortex temporal et orbito-frontale, le refoulement pourrait apparaître seulement après les deux premières années, lorsque ces structures neurophysiologiques ont atteint la maturité et la mémoire explicite commence à se développer. Sur la base de ces données neurobiologiques, Mauro Mancia (2007) propose la notion d’inconscient non refoulé pour les souvenirs qui se déposent dans notre mémoire pendant les deux premières années. Selon Gerald Edelman (1989), le refoulement freudien serait compatible avec sa TSGN, car, d’un point de vue de l’évolution, le refoulement serait une défense contre les recatégorisations qui mettraient en danger l’efficacité des concepts du Moi. Selon Lionel Naccache (2006), il n’y aurait pas de processus de refoulement dans le traitement inconscient. Il y aurait plutôt des processus conscients et volontaires de refoulement qui invaliderait l’idée d’un refoulement freudien. Dans une lecture neuropsychanalytique (Bazan, 2007), le refoulement est mis en relation avec les mécanismes physiologiques concernant l’empêchement de l’exécution d’une intention. Ariane Bazan propose une analogie avec le membre fantôme qui apparaît après l’impossibilité de réaliser l’intention de bouger le bras. De même pour le refoulement, l’empêchement de la réalisation d’une intention faisant l’objet d’un investissement pulsionnel produit l’émergence d’un fantôme (2) moteur ou phonématique. Le refoulement serait alors un mécanisme qui a une base physiologique et qui s’articule dans ce décalage entre l’investissement pulsionnel d’une intention ou un désir et sa réalisation. ________________ 1. Alain Berthoz est ingénieur, psychologue et neurophysiologiste. Il est professeur au Collège de France où il dirige le laboratoire CNRS-Collège de France de physiologie de la perception et de l’action. 2. Voir : Fantôme Bibliographie : Anderson M. C., Green C. (2001), Suppressing Unwanted Memories by Executive Control, Nature, 410, p.366-369. Anderson M. C. et coll. (2004), Neural Systems Underlying the Suppression of Unwanted Memories, Science, 303, p. 232-235. Ansermet F., Magistretti P. (2004), À chacun son cerveau. Plasticité neuronale et inconscient, Odile Jacob. Bazan A. (2007), Des fantômes dans la voix. Une hypothèse neuropsychanalytique sur la structure de l’inconscient, Montréal, Éditions Liber, Collection Voix Psychanalytiques. Berthoz A. (2003), La décision, Odile Jacob. Bradley B. P., Baddeley A. D. (1990), Emotional factors in forgetting, Psychological Medicine, Volume 20, Issue 02, May 1990, pp. 351-355. Edelman G. (1989), The Remembered Present, New York, Basic Books. Eustache F., Lechevalier B., Viader F. (1996), La mémoire : Neuropsychologie clinique et modèles cognitifs, De Boeck Supérieur. Freud S. (1915), Le refoulement, in : Œuvres complètes, XIII, Presses Universitaires de France, 1988. Kline Y. P.(1981), Fact and fantasy in Freudian theory, London, UK : Methuen. Levinger G., Clark J. (1961), Emotional factors in the forgetting of word associations, The Journal of Abnormal and Social Psychology, Vol 62(1), Jan 1961, 99-105. Candau J. (2005), Anthropologie de la mémoire, Armand Colin. Mancia M. (2007), Mémoire implicite et inconscient précoce non refoulé : leur rôle dans le transfert et le rêve, Revue française de psychanalyse 2/2007 (Vol. 71), p. 369-388. Naccache L. (2006), Le nouvel inconscient : Freud, le Christophe Colomb des neurosciences, Odile Jacob. Compléments : Edelman Gerald Maurice, Mancia Mauro, Naccache Lionel |
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