Serafino Malaguarnera - Psychologue, Psychanalyste, Psychothérapeute à Bruxelles Av. d'Itterbeek, 9 - 1070 Bruxelles - Av. Louise, 505 Ixelles |
Les peurs des enfantsLa peur et l’angoisse sont des affects qui jalonnent toutes les étapes de notre vie, depuis notre petite enfance jusqu’à notre vieillesse. La peur est une des quatre grandes émotions de base que rencontre l'être humain dans la vie. Les trois autres sont la joie, la tristesse et la colère. Chacune d'elles a son utilité. La fonction de la peur est de nous alerter d'un état de danger. Les peurs d'enfant font partie du développement normal et lui permettent de grandir, de développer son identité et de maîtriser son univers. Pensez à combien de nouvelles situations doit faire face un enfant pendant ses premiers sept ans de vie ! Toutes ces nouvelles situations sont une source d’anxiété et de peur. De plus, l’enfant né avec un bagage pulsionnel qu’il doit progressivement intégrer et qui génère des conflits et des angoisses. Ces sentiments pénibles font donc certainement partie du développement normal. La plupart des peurs infantiles typiques disparaissent avec le temps. Attention, comme nous le verrons dans les prochains chapitres, si la peur est très intense et si elle persiste malgré vos efforts à le rassurer, c’est légitime de se préoccuper. La peur est une réaction universelle face à un objet ou une situation perçus comme un danger. Habituellement, on fait une distinction entre anxiété, angoisse et peur. Qui n’a jamais été inquiet pour la santé d’un de ses proches ? Pensez à votre état psychologique pendant l’attente de résultats d’examens médicaux. L’état psychologique qui caractérise cette situation s’appelle « anxiété ». C’est un affect pénible associé à une attitude d’attente d’un événement imprévu et vécu comme un danger. C’est une sensation d’extrême malaise accompagnée de manifestations physiques face à un danger qui ne peut pas être spécifié. Voici quelques exemples de plaintes d’une personne assaillie par l’angoisse : « J’ai la gorge serrée », « Je suis paralysé de peur », « Je ne peux plus avaler », « J’étouffe ». Dans cet état, la personne angoissée ne sait pas dire l’origine de sa souffrance. C’est une réaction face à un objet précis ou une situation précise perçus comme un danger. La dangerosité de l’objet ou de la situation peut être déterminée par l’expérience ou l’éducation. La peur déclenche une série de réactions : on sursaute, nos sens se mettent soudainement et brusquement en éveil et donnent l’alerte. Il y a aussi des réactions physiologiques : les battements du cœur s’accélèrent, la pression sanguine et les sécrétions d’adrénalines augmentent. Ainsi, cet état nous prépare à affronter la situation dangereuse – dans ce cas, nous nous battons – ou nous dit que nous ne sommes pas encore prêts à l’affronter – dans ce cas, nous optons pour la fuite. Concrètement, l’anxiété, l’angoisse et la peur sont étroitement reliées et on peut passer d’une manière continue d’une réaction à l’autre. Tenir compte de cet aspect est surtout important quand on parle de l’enfance où c’est difficile de les différencier parce que les réactions comportementales, cognitives, affectives et physiologiques se ressemblent beaucoup. En traitant la période de l’enfance, et surtout du développement normal de l’enfant, nous pouvons employer les mots « anxiété, angoisse et peur » comme des synonymes. Il y a des peurs qui viennent de la relation avec l’autre. La première grande peur – dans le prochain chapitre, nous l’aborderons sous le nom de « crise des huit mois » — est celle liée à la séparation d’avec la première personne qu’on aime, d’avec celle qui prend soin de nous. C’est une peur qui ne s’apprend pas ; il n’y a pas « apprentissage » de la peur de séparation. L’enfant est tout simplement confronté à cette peur et doit y faire face. L’adulte peut l’aider à mieux la vivre, à la surmonter, à la rendre moins pénible de ce qu’elle est, mais il ne peut pas lui éviter de vivre cette angoisse. Elle fait partie d’une étape du développement de l’enfant. C’est aussi une des peurs qui resurgissent à chaque étape du développement. Pensez aux pleurs, aux cris d’un enfant qui se voit déposer à l’école et voit disparaître sa maman ; là aussi, l’enfant ressentira la peur de séparation. C’est une peur qui nous accompagnera tout au long de notre vie ; elle peut à tout moment resurgir, rebondir et nous envahir. L’adolescent qui voit son grand amour l’abandonner pour un autre, l’adulte qui sait qui peut perdre à tout moment un être très cher qui est sur le point de disparaître à jamais…Ce sont tous des moments qui ouvrent les portes aux pénibles angoisses de séparation que nous pensions être ensevelies pour toujours. Votre rôle de parent n’est donc pas d’essayer de vaincre ce type de peur chez votre enfant, mais de lui offrir les meilleures conditions pour la surmonter. Ces conditions lui permettront de surmonter l’angoisse de séparation à chaque étape du développement et de se construire un solide édifice psychique grâce auquel il pourra y faire face quand elle se présentera à nouveau dans le futur. Il y a des peurs qui viennent des conflits psychiques. Il peut s’agir d’un conflit entre les besoins personnels de l’enfant et les interdits des autres, d’une contradiction entre ses désirs et la difficulté de les réaliser à cause de ses capacités ou de son entourage. D’autres peurs viennent des autres et de l’environnement : Certains parents pensent que la télévision ou le cinéma sont responsables des peurs des enfants. En réalité, étant donné que la peur et l’angoisse sont des affects constamment présents tout au long de l’enfance, elles surgissent indépendamment de la télévision ou le cinéma. Certainement, les médias peuvent accentuer ou renforcer les peurs. Ils peuvent même provoquer certaines peurs, mais ils ne sont pas à l’origine des différentes peurs qui jalonnent les étapes du développement de l’enfant. Dans toutes les civilisations, peu importe l’époque, on retrouve certaines peurs qui sont toujours les mêmes. Chaque civilisation à ses histoires de sorcières, de dragons, ses contes de fées. Oui, à chaque étape du développement, l’enfant doit faire face à des peurs différentes. Il est même possible d’établir une cartographie précise des types de peur en fonction de l’âge. Comme nous verrons tout au long de ce livre, dans les toutes premières années de l'enfance, les peurs sont surtout liées à des événements concrets, puis à des images de nature symbolique, et ensuite aux rapports humains et à la vie sociale. La qualité de l’émotion est la même, mais l’impact sur le psychisme diffère considérablement. La présence d’un gros chien qui aboie ne provoque pas la même réaction chez un adulte que chez un enfant de trois ans. Même si l’adulte a peur, il ne se mettra pas à pleurer et à crier comme l’enfant. Celui-ci n’a pas encore un équipement cognitif et affectif matures pour faire face à certaines situations dangereuses et certains conflits psychiques. L’angoisse surgit lorsque l’équipement psychique de l’enfant ne peut pas répondre de manière adéquate à une tension qu’il perçoit comme une menace. Au fil des années, en se construisant l’équipement cognitif et affectif, l’enfant pourra faire face d’une manière adéquate aux différentes situations et différents conflits psychiques. En ce qui concerne les peurs légitimes – ce sont les peurs que l’enfant apprend pour éviter des dangers réels —, c’est la notion de danger qui caractérise la différence entre la peur d’un enfant et d’un adulte. La perception du danger et du risque n'est pas du tout la même. Par exemple, un enfant aura peur du bruit de l'aspirateur ou du mixeur, mais il pourra jouer avec un couteau sans crainte ! Le rôle des parents est certainement très important vis-à-vis des peurs de leurs enfants. La plupart des peurs infantiles typiques disparaissent avec le temps, mais d’autres persistent. Bien que nous ne sachions pas exactement pourquoi certaines peurs se dissipent et que d’autres restent, il semble que les réactions des parents jouent un rôle important. Certaines réactions des parents ont non seulement le pouvoir d’accentuer certaines peurs, mais aussi d’empêcher qu’elles se dissipent. Une peur qui s’installe se transforme en une vraie phobie ! Les parents sont là pour : |
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