Psychanalyse et Cognitivisme

Depuis quelques décennies, les sciences cognitives ont accrus leurs connaissances grâces surtout à l’apport des neurosciences. Le cognitivisme devient dans les milieux universitaires de plus en plus une référence théorique qui prime sur les autres. Ces dernières années ont vue augmenter la présence de ce courant de pensée au détriment d’autres courants. Plus précisément, c’est la psychanalyse qui se voit rétrécir sa présence et son champ d’action. Plusieurs épisodes inquiétants on vu le jour dans différentes universités où des départements de psychanalyse ont été supprimés ou risquent de l’être. Sous le prétexte que la psychanalyse n’est pas une science, elle doit être bannie des lieux où le savoir s’appuie sur des propositions falsifiables. L’opposition entre cognitivisme et psychanalyse semble s’affirmer comme une donnée incontestable et acquise. Notre propos sera de démentir cette position et de montrer plutôt que certaines avancés des sciences cognitives viennent confirmer ou appuyer des points cruciaux de la découverte freudienne. Nous ne sommes pas dupe que quant à certaines questions -  par exemple celle concernant le sujet – l’opposition entre cognitivisme et psychanalyse s’avère bien fondée. Néanmoins, il nous semble intéressant porter le regard sur ces avancés pour redécouvrir le paradigme freudien qui, au sein même de la psychanalyse, est considéré comme dépassé.

En guise d’introduction, voici ce que Alain Trognon nous dit :

                        « …les ‘appareils cognitifs’ du cognitivisme classique n’ont évidemment pas d’affects, ce paradigme sépare en effet radicalement le cognitif et l’affectif. Il n’en va plus de même avec le paradigme connexionniste. Le poids synaptique est en effet au réseau de neurones formels ce que la pulsion ou l’affect est à l’appareil psychique freudien. Le représentationnel et l’affectif ne s’opposent plus puisque le représentationnel émerge de l’affectif et puisque dans le paradigme connexionniste nous pensons u travers de l’affect. Bref, si le connexionnisme est est si séduisant, c’est également parce qu’il réconcilie les psychologues et réintègre la psychanalyse dans une démarche scientifique ». (1)

1. Trognon A. « Cognitivisme et pragmatisme dans la modélisation des fonctions socio-cognitives », Psychisme et intelligence artificielle sous la direction de André Cuvellier, Presses Universitaires de Nancy, 1992.